D’où ça vient…
Spectateur de cinéma et auditeur de musique, j’ai toujours été surpris par la force que pouvait avoir la discrétion d’une musique dans un film. Dans beaucoup de blockbuster, la bande originale déborde et nous assomme sous un fracas d’orchestration, et un autre cinéma nous offre des moments plus subtiles et précieux. La musique est presque absente, pour sublimer plus tard des moments d’émotions qui touchent à nos expériences profondes.
Lost Emotions s’inscrit dans cette tradition. En dix compositions, l’album offre une approche intimiste. L’un des compositeurs, Benjamin Doherty, me confiait lors d’un échange que cette idée d’introspection était très présente dans son processus créatif. L’album est né, d’ailleurs, de propositions musicales pour une compilation intitulé Recollection. À l’origine donc, il s’agissait de quatre titres sur une thématique minimaliste et influencée par des bandes originales diverses. Mais il y avait matière à construire une œuvre plus vaste, à développer un propos personnel.
Lost Emotions prend alors forme, avec Vincent Leibovitz, producteur et compositeur, qui a tout de suite entendu ce qu’il pouvait ajouter aux compositions, sans altérer la touche initiale de Benjamin. Son approche plus électronique, et son expérience en musique originale, a permis au projet de quitter la sphère acoustique. Les textures, les nappes discrètes et granulaires, et les différents effets perceptibles en arrière-plan, sont l’œuvre de Vincent et viennent parfaire un propos déjà singulier.
Une inspiration singulière…
Si je devais résumer l’esprit de cet album, je mentionnerais l’émotion contenue de la bande originale du jeu Outer Wilds, composée par Andrew Prahlow. Outer Wilds emmène le joueur dans une boucle temporelle de 20 minutes, le forçant à revivre la fin imminente d’un système solaire pour tenter de comprendre ce qui a provoqué cette catastrophe. Dans ce contexte, la musique n’est pas là pour dramatiser, mais pour suggérer, accompagner des thèmes de la mémoire, de l’acceptation, de la nostalgie et de la finitude, sans jamais verser dans le pathos.
C’est cette subtilité dans le geste musical que l’on retrouve dans Lost Emotions. Benjamin a su canaliser une émotion intime, presque intérieure, avec des nuances qui rendent chaque morceau essentiel. Cette approche résonne avec les films indépendants et les œuvres qui touchent au vécu humain, sans artifices.
Dans la majorité des films, peu à peu, le récit se construit, suggère des pistes narratives. C’est aussi dans cette optique que nous avons construit l’album. Nous n’avions pas l’image, c’est une bande originale imaginaire, qui s’adresse à tous ceux qui veulent accompagner une narration sincère, qui ne surjoue pas l’émotion mais la laisse infuser.
Finalités…
L’écoute de Lost Emotions pourrait rappeler des œuvres comme Past Lives, Normal People, Aftersun ou Take Shelter. Ce sont les films qui me viennent à l’esprit. Des histoires simples, humaines, et percutantes. C’est sans doute en habillage d’histoire où l’humain et ses émotions sont centrales, que cet album aura toute sa place. En cela, il fait écho à d’autres albums de notre catalogue, que je ne peux que conseiller : Based on a True Story, Northern Lights ou encore Indie Feel Good.
Écrit par Jeremy Vino – Cézame Music Agency