Certains prétendent aujourd’hui assimiler la musique à une marchandise. Les tenants de cette théorie, dont certains lobbys, souhaiteraient voir disparaître le droit d’auteur, le considérant comme obsolète et inadapté aux récentes évolutions technologiques. Plus prosaïquement, ces conceptions s’appuient sur des raisonnements purement économiques. Cependant, et quand bien même l’œuvre de l’esprit qu’est la musique participe à ce qu’il est convenu d’appeler « la société de consommation », laquelle fait largement appel au pouvoir à son émotionnel, notamment dans la publicité, elle ne peut pas pour autant être considérée comme un produit ordinaire. Au contraire, sa nature même exige qu’elle soit soumise à des règles différentes.
La création musicale est aujourd’hui confrontée à un défi majeur et fondamental : le maintien du principe des valeurs du droit d’auteur en Europe et celui du copyright dans les pays anglo-saxons. A ce titre, il faut se féliciter que l’Union Européenne ait adopté le 20 Février 2019 la directive sur le droit d’auteur à l’ère du numérique qui prévoit une rémunération juste pour les auteurs et leurs éditeurs à l’occasion de l’exploitation de leurs œuvres par les fournisseurs d’accès internet.
Mais, en dépit de l’intérêt et des droits des créateurs, verra-t-on à l’avenir des éditions délocalisables et faisant appel à des compositeurs produisant de la musique à la chaîne pour permettre à des producteurs audiovisuels de l’acquérir à moindre coût ? Ou encore, l’intelligence artificielle permettra-t-elle de créer de la musique à partir d’algorithmes ? En d’autres termes, une forme édition sans créateurs, et sans éditeur d’ailleurs dans l’acception courante, est-elle envisageable ? D’un autre côté, une production audiovisuelle dans laquelle la musique ne jouera qu’un rôle négligeable, voire inexistant, est-elle possible ?
Il faut donc espérer que des sociétés de production music s’imposent et favorisent l’émergence de nouveaux talents dans un souci constant de qualité. Ces sociétés, grâce au service qu’elles apportent, pourraient devenir des marques de référence à l’instar d’autres secteurs d’activités où l’originalité et la qualité de la création font toute la différence.
A l’ère numérique, les perspectives offertes à la production music sont considérables. Dans le contexte actuel, son potentiel est particulièrement porteur si nous l’appréhendons sous l’angle de la création alliée aux performances technologiques. Dans un métier où la masse d’œuvres en circulation est de plus en plus importante, il est probable que, dans un avenir proche, la question de l’indexation des œuvres dans les moteurs de recherche s’avère capitale. Dans ce contexte, un métier nouveau et indispensable à l’édition musicale devrait voir le jour : celui d’indexeur. Aux côtés des conseillers en charge d’orienter les utilisateurs, son activité sera déterminante pour mettre en valeur les répertoires au sein des sites.
Mais, au-delà de la performance des outils de communication et des techniques de marketing, c’est la création qui demeure la clef de voûte de toute activité éditoriale. « Une édition ne se fait pas sans auteurs » disait le célèbre éditeur littéraire Gaston Gallimard. Dans ce domaine, le rôle de l’éditeur de production music, comme de n’importe quelle autre forme d’édition, est de permettre la diffusion de l’expression du talent des créateurs. Ainsi, nous pouvons imaginer que dans les années à venir, des professionnels de l’audiovisuel rechercheront des musiques, non pas uniquement en fonction de leurs besoins, mais aussi parce qu’elles auront été écrites par des musiciens dont ils apprécient la création ; tout comme nous écoutons nos artistes favoris pour le plaisir. Ces mêmes créations pourront, parallèlement à leur accès dans le réseau de l’audiovisuel, toucher le grand public sans tenir compte de leur destination première.
Un travail considérable et passionnant reste à accomplir pour que la production music puisse devenir le champ de création qu’il est potentiellement depuis si longtemps.
Dans cet esprit, depuis quelques années, les Mark Awards décernés à l’occasion du Production Music Committee à Los Angeles, récompensent les meilleurs albums, titres et utilisations des éditeurs et créateurs de production music, tandis que the Production Music Awards ont lieu chaque année en Londres.
Frédéric Leibovitz
© 2019 by Cezame Music Agency – Frédéric Leibovitz Editeur
Organisations représentatives :
USA : PMA (Production Music Association)
United Kingdom: LPAG (Library Publisher Advisory Group) – A Committee of MCPS.
France : ULM (Union des Librairies Musicales)
EPMA (European Production Music Association).