La financiarisation de la production music et la révolution internet
A l’aube du troisième millénaire, la production music devient un actif déterminant pour les majors de l’industrie musicale. La baisse des revenus consécutive au déclin des ventes de compact-discs ne tarde pas à aiguiser les appétits des grands groupes, comme ceux des indépendants. En effet, les majors voient dans cette forme d’édition, peu touchée par le piratage dû en grande partie à l’apparition de la norme mp3, et qui engendre une véritable crise de la musique enregistrée pendant la décennie allant de 2003 à 2013, de nouvelles opportunités. Cette crise, véritables années noires de l’édition phonographique, qui ne se résorbera qu’avec l’apparition des plateformes légales de téléchargement et de streaming sera, pour les majors de la musique, l’occasion de se positionner sur un marché porteur mais jusque-là sous-estimé par rapport au « core business », c’est-à-dire la pop, le rock, ou les musiques urbaines.
Parmi d’autres facteurs, la compétition engendrée par l’arrivée de nouveaux acteurs aura des conséquences directes et bénéfiques sur la qualité musicale de la production music. Tant pour ce qui concerne l’écriture musicale que la production des enregistrements ; laquelle avait déjà considérablement progressé à partir des années 90 en faisant peu à peu jeu égal avec la musique du commerce. Le souci croissant de nouveauté, d’efficacité, et d’originalité, dans le contexte de cette compétition que se livrent les sociétés les plus représentatives, explique cette créativité. D’un autre côté, une production de plus en plus importante en termes de volume répond à la demande croissante de la clientèle.
En 2005, le Groupe BMG Production Music publie un nouvel album par jour, grâce à ses différents centres de production répartis dans ses filiales internationales.
Avec le déclin du compact-disc au début des années 2000, remplacé par la diffusion de la musique en ligne, la tendance à la surproduction est l’un des phénomènes marquants de l’évolution du secteur. Il est en effet beaucoup plus simple, et surtout moins coûteux, de constituer un catalogue éditorial en se dispensant du coût des pressages, et de leur envoi de CD’s en grand nombre. En effet, les CD’s produits par les éditeurs de production music étaient envoyés à titre gracieux à des milliers d’utilisateurs. Certains albums édités dans les années 90 pouvant atteindre des tirages de 15 000 exemplaires ; d’où des frais de pressage, de stockage et de logistique conséquents.
Ce phénomène de surproduction a aussi pour origine la baisse des coûts d’enregistrement, consécutive à l’évolution des moyens techniques mis à la disposition des home studios, ainsi qu’à l’arrivée sur le marché de nouveaux compositeurs venus à la production music à la suite du déclin de la vente des compact-discs et des investissements destinés aux musiques de commande pour le cinéma et la publicité ou au financement de concerts par les producteurs phonographiques.
Cette situation incite naturellement de nombreux candidats à se lancer dans le secteur de la production music, qui devient un nouvel Eldorado de l’industrie musicale dans le courant des années 2000.
Il faut souligner qu’avant l’avènement d’internet, les plus grands catalogues de production music n’excédait pas mille albums ; soit environ vingt mille titres. Aujourd’hui, figurent sur les différentes plateformes de distribution en ligne des catalogues pouvant aller de trois cent mille à six cent milles titres. Le potentiel du marché n’ayant pas connu une croissance proportionnelle à l’offre, il en découle une dilution des utilisations et, par conséquent, du revenu.